Quels sont les comportements canins liés à la séparation ?
Une étude a tenté d’élucider quelles situations vécues dans les premières semaines d’un chiot favorisaient le développement de comportements liés à la séparation lorsqu'il est laissé seul à la maison :
- comportements destructeurs : mâchonnements, griffures ;
- comportements vocaux : aboiements, hurlements, gémissements ;
- défécation ou urination dans la maison ;
- comportements répétitifs ;
- halètement, léchage des lèvres, salivation ;
- dépression ;
- ces comportements sont associés à des émotions négatives telles que la frustration, la peur, l'anxiété ou l’ennui.
Ces comportements se manifestent généralement dans les quelques minutes qui suivent le départ du référent. Ils sont généralement considérés comme problématiques par les propriétaires de chiens et figurent parmi les principaux motifs de consultation en comportement. De plus, ils peuvent amener à des tensions familiales, des plaintes du voisinage, des abandons etc. Ils sont donc importants à prévenir.
Ces comportements appelés anxiété de séparation ou Separation-related behaviours (SRB) sont révélateurs d’un bien-être animal altéré.
L’étude longitudinale (suivi d’une population dans le temps) a été menée sur 145 chiots avec évaluation à 6 mois de vie. Le but a été de savoir quels facteurs pouvaient accentuer les risques d’anxiété de séparation afin de mettre en place des stratégies/conseils de prévention.
Quelle est la fréquence des troubles liés à l’anxiété de séparation chez le chien ?
Selon les études, les troubles du comportement liés à la séparation d’avec son référent concernent 5 à 60 % des chiens !. Cet éventail large est lié au fait qu’il est par définition difficile d’observer ces comportements sauf s’ils sont rapportés par le voisinage ou qu’ils occasionnent des dégâts matériels visibles. En outre, des signes plus subtils peuvent passer inaperçus aux yeux des propriétaires ou ne pas être attribués au fait d'être laissé seul. La prévalence des troubles liés à l’anxiété de séparation est donc probablement plus élevée que ce qui est rapporté par les propriétaires.
Quels sont les facteurs de risques favorisant le développement de troubles liés à l’anxiété de spéciation ?
Une étude de 2024 réalisée par le Royal Veterinary College sur 145 chiots a tenté de savoir quelles situations vécues dans les premières semaines favorisaient le développement de comportements liés à la séparation lorsqu'il est laissé seul à la maison, notamment celles qui concernent :
- les interactions avec le référent ;
- l’environnement ;
- le mode d’éducation.
À noter que près de 50% des 145 chiots ont développé une anxiété de séparation.
1 - La propreté
Un apprentissage incomplet de la propreté à 4 mois (+ de 4 accidents/semaine) augmentent la probabilité qu'un chiot présente des problèmes lorsqu'il est laissé seul à l'âge de six mois (mais il faut précisons que les pipis dans la maison sont souvent signe d’anxiété générale).
2 - L’environnement nocturne
Le fait d'offrir aux chiots des expériences positives de solitude et d’enfermement (caisse ou chambre) pendant la nuit dès leur plus jeune âge, ainsi que de les encourager à dormir et à se reposer suffisamment (plus de 9 heures/nuit), pourrait contribuer à réduire le risque que les chiots développent des problèmes lorsqu'ils sont laissés seuls à l'âge de six mois et, potentiellement, un SRB qui persisterait à l’âge adulte.
⚠️ On parle bien de la nuit et non d’un enfermement en journée pendant votre absence ! Il a été démontré que les chiens enfermés dans une cage baillent et se lèchent les babines plus souvent pendant la séparation que les chiens non enfermés.
3 - Les méthodes d’éducation
Les chiots dont les propriétaires utilisaient davantage de techniques punitives/aversives en cas de « mauvais » comportement étaient plus susceptibles de présenter des SRB à l'âge de six mois que les autres chiots.
NB : 6 fois plus de risques de présenter un SRB si les propriétaires ont déclaré s'être « acharnés » sur leur chiot de six mois en réponse à un « mauvais » comportement à leur retour.
Les punitions dans différentes situations à l'âge de six mois augmentent considérablement la probabilité de SRB.
4 - Les interactions avec le référent
Des comportements opposés accroissent le risque de SRB :
- Le fait de trop s'occuper du chiot lors des retrouvailles (les chiens des propriétaires qui jouaient avec eux dans les 30 premières minutes de leur retour étaient plus susceptibles de présenter des SRB).
- Le fait d’être un référent distant augmente le risque de SRB (moins d’écoute des besoins ce qui créée de l’anxiété).
5 - Autres
D'autres facteurs, notamment la race, le sexe et la provenance du chien, n'ont pas montré d'association significative avec l'apparition de SRB.
Il est probable que plus le propriétaire est jeune et plus le risque de SRB est élevé.
Quelles sont les recommandations pour éviter l’anxiété de séparation à mon chien ?
D’autres études sont nécessaires pour confirmer certains résultats mais il nous semble déjà opportun de vous conseiller :
- d’habituer votre chiot à dormir assez longtemps la nuit et dans un lieu/cocon rassurant (caisse ouverte/chambre);
- d’éviter de théâtraliser votre départ (tristesse) et votre retour (effusions).
- d’éviter de punir votre chien à votre retour s’il a fait des bêtises ;
- d’être attentif aux besoins de votre chien le reste du temps ;
- d’être cohérent dans vos interactions avec votre chiot ;
- de ne pas utiliser de méthodes d’éducation négatives (punition) en général.